Créé dans les années 1960, le dispositif des heures pleines / heures creuses était une idée simple mais redoutablement efficace : encourager les foyers à consommer l’électricité en dehors des pics de demande, afin de soutenir la production nucléaire continue et d’alléger la charge du réseau.
En échange, les consommateurs bénéficiaient d’un tarif réduit pendant huit heures par jour, généralement la nuit. Ce système, pilier du modèle électrique français depuis plus d’un demi-siècle, reposait sur une équation stable : une production constante, une demande prévisible et un réseau centralisé.
Mais ce modèle s’essouffle. L’essor du solaire photovoltaïque, dont la production culmine entre 11 h et 17 h, bouleverse la logique historique du réseau. À cela s’ajoutent des usages domestiques profondément transformés : télétravail, véhicules électriques, appareils programmables… La consommation n’est plus concentrée sur quelques moments de la journée, et la production d’électricité dépend en partie des heures d’ensoleillement. Dans ce contexte, le système devait évoluer pour rester cohérent avec les nouveaux rythmes énergétiques.
Ce qui change à compter du 1er novembre 2025
C’est dans ce contexte que la nouvelle réforme sur les tarifs heures creuses / heures pleines est entrée en vigueur le 1er novembre 2025. Si la durée totale d’heures creuses reste de huit heures quotidiennes, leur répartition est complètement revue. Les ménages disposent désormais de cinq heures creuses consécutives la nuit, entre 23 h et 7 h, et jusqu’à trois heures supplémentaires en journée, entre 11 h et 17 h, selon les régions et les besoins du réseau.
Le déploiement de cette réforme, encadrée par la Commission de Régulation de l'Énergie, s’effectue de manière progressive :
- De novembre 2025 à juin 2026, une première phase concernera 1,7 million de clients disposant d’une offre Heures Pleines / Heures Creuses incluant des heures creuses l’après-midi et la nuit. Certaines plages, comme 7 h–11 h, ne seront plus considérées comme creuses et de nouvelles plages, identiques en été et en hiver, leur seront attribuées.
- De décembre 2026 à octobre 2027, la réforme sera étendue à 9,3 millions de clients, avec cette fois des heures creuses différenciées entre l’été et l’hiver.
- Enfin, les clients professionnels seront intégrés en fin de déploiement, au second semestre 2027.
Les impacts sur les foyers équipés d’installations solaires
Le déplacement progressif des heures creuses vers la journée, entre 11 h et 17 h, marque un véritable changement de paradigme dans la tarification électrique. Ce signal tarifaire, pensé pour refléter la production solaire désormais abondante en milieu de journée, redessine les équilibres entre production, consommation et stockage d’électricité. Pour les foyers équipés de panneaux photovoltaïques, cette évolution n’est pas neutre. Elle modifie la manière d’envisager la rentabilité d’une installation et les conseils à apporter aux futurs producteurs d’énergie.
Un avantage redondant pour les foyers déjà producteurs
Jusqu’à présent, les heures creuses étaient principalement nocturnes. Les ménages sans solaire pouvaient y faire tourner leurs appareils à moindre coût, tandis que les foyers équipés bénéficiaient d’un double avantage : électricité gratuite le jour grâce au solaire, et tarif réduit la nuit pour les usages différés. Désormais, la logique s’inverse. Les heures creuses coïncident avec la production solaire, tandis que les heures pleines concernent davantage les moments de forte consommation résidentielle, notamment le matin et le soir.
Résultat ? Pour les ménages sans installation photovoltaïque, c’est une opportunité bienvenue, car ils paieront moins cher leur électricité en milieu de journée, au moment où elle est la plus disponible. Pour les foyers déjà producteurs, en revanche, l’intérêt économique du tarif heures pleines / heures creuses devient moins évident puisqu’ils consomment déjà leur propre énergie durant les nouvelles heures creuses, rendant l’avantage tarifaire du réseau redondant. Cela ne remet pas en cause la pertinence du solaire, mais change la philosophie du conseil énergétique. L’enjeu se déplace vers l’autoconsommation maximale, le stockage, et le choix du bon contrat.
Un besoin d’adapter vos conseils et recommandations
Pour les professionnels du solaire, cette réforme appelle à adapter le discours et les simulations économiques proposées aux clients. Selon Guillaume Berson, co-fondateur et CEO chez Revolt.eco, le mot d’ordre est clair : « l’électricité la moins chère est celle qu’on ne prélève pas du réseau ». Les usages doivent donc être alignés sur la production solaire, non plus pour profiter d’un tarif réduit, mais parce que l’électricité produite localement est gratuite.
Concrètement, cela signifie décaler certains usages (lave-linge, chauffe-eau, recharge du véhicule électrique, etc.) sur la plage solaire, entre 11 h et 17 h, et évaluer avec précision l’impact de ces ajustements grâce à des outils comme Revolt.eco, qui permettent de visualiser les taux d’autoconsommation et les économies réelles obtenues.
Le choix tarifaire qui devient lui aussi stratégique
C’est l’un des effets majeurs de ce nouveau dispositif tarifaire : le tarif Base devient souvent plus cohérent pour un foyer équipé de panneaux solaires, mais sans batterie.
Le dimensionnement, clé de la rentabilité
Ce nouveau cadre tarifaire rend le dimensionnement des installations plus crucial que jamais. Une installation trop puissante risque de générer un surplus injecté à faible valeur en milieu de journée, quand l’électricité est bon marché. À l’inverse, une installation calibrée sur la consommation réelle du foyer permettra de maximiser l’autoconsommation et donc la rentabilité.
Ici aussi, l’outil Revolt Pro devient un allié incontournable puisqu’il permet de simuler différents scénarios (avec ou sans batterie, avec différents contrats et profils de consommation), de mesurer le taux d’autoconsommation et d’indépendance énergétique pour affiner la puissance crête à proposer.

Un nouveau rôle pour les installateurs
Le déplacement des heures creuses vers la journée illustre la maturité du système électrique français. Le solaire n’est plus une énergie complémentaire, mais une référence autour de laquelle s’organise désormais la tarification. Pour les installateurs, cette évolution renforce leur rôle de conseil et d’expertise.
En s’appuyant sur Revolt.eco pour comparer les scénarios Base vs HP/HC, simuler le stockage et visualiser l’impact du décalage d’usages, vous pouvez proposer à chacun de vos clients une solution personnalisée, rationnelle et optimisée.


